Samedi 18 juillet, je suis partie, sur invitation de Jean-Pierre dit Oussou (un type du quartier de Lika, qui me servait de "chaperon" l'année denrière), à la sortie annuelle de sa compagnie, à Sendou, petit village côtier juste après Bargny, à une paire d’heures du centre du Dakar. Départ prévu du terminus de Liberté 5 (un quartier de Dakar) à 7h – 7h15. Je me lève donc plus tôt
qu’en semaine (6h15 du mat’ au lieu de 7h) pour retrouver Jean-Pierre à la station Shell. Le bus loué par l’ensemble de ses collègues de boulot n’est arrivé qu’à 8h… Bon, on monte, il n’y avait qu’une autre personne à l’intérieur, Saliou. Direction presque l’ensemble de tous les faubourgs de Dakar : Grand Yoff, Pikine, Rufisque, en s’arrêtant toutes les 5 minutes pour prendre quelqu’un, qui biensur n’était jamais au point de rendez-vous à l’heure, acheter du pain, des cacahuètes, etc.
On s’arrête 15-20 minutes, parfois plus, sur le bord de la route, dans la chaleur et la poussière. Et on attend… on attend… J’étais la seule toubab, donc tout le monde parlait wolof… Difficile pour moi de comprendre exactement ce qu’on faisait là arrêté. A part au moment où un nouveau venu se hissait dans le bus brinquebalant, rigolard et fraichement sorti de la douche. On a finalement récupéré tout le monde à 11h passée… Et on est arrivé sur place à
12h. Le groupe avait loué deux chambres dans une sorte d’hôtel sur la plage. Sont arrivées derrière nous deux voitures chargées des réchauds, des gamelles, du butagaz, et de la tambouille, ainsi que des baffles et de la chaine.
On déballe, les garçons prennent possession d’une chambre, les filles de l’autre. C’est la queue à la douche pour se rincer et se changer. C'est-à-dire se mettre en tenue de plage plus décontractée… mais pour les filles, pas encore en maillot, ce sera pour plus tard. Pour le moment, c’est la cuisine qui les attend. Pendant que les garçons vont jouer dans les vagues, les filles s’attèlent à la bouffe.
Les garçons me proposent de venir avec eux batifoler dans la mer, mais je décline, ne sachant pas très bien qu’elle doit être ma position. Je choisi le « clan » des filles. 
On met de l’huile à frire, on badigeonne de beurre les pièces de mouton pour les remettre à chauffer sans qu’elles brûlent, on épluche les fruits pour le dessert, etc. Etonnamment, ce moment qui pourrait être de véritable convivialité ne me semble pas l’être tant que ça. Elles parlent relativement peu, n’échangeant que quelques mots de temps en temps ou alors discutent de questions pratiques relatives à la bouffe et à l’organisation. Certaines ont même des écouteurs sur les oreilles. 
Dans tout cela mon statut est particulier. Femme, mais blanche, il n’est pas évident de me positionner et elles me regardent avec circonspection. 
Elles ne me donnent que peu de tâches (qu’elles appellent travail) à faire, ne voulant pas que je me fatigue et pensant que je ne sais pas faire. Ma première fournée de frites les étonne : « C’est toi qui a fait ça ? ».
Une fois tous les éléments du repas préparés, il faut dresser les plats, de grand plateau en fer sur lesquels un groupe de filles disposent tout autour les aliments en petits tas d’égale quantité. Tout un art. Une place les frites, l’autre en reprend trois-quatre par ci par là pour les redispatcher entre d’autres tas. Elles font des petits tas de salade, assaisonnée à la main dans une bassine en fer, des petites crottes de mayonnaise de chaque côté des tas de salade. Ca dure un moment. Le mouton est mis au milieu, la sauce faite d’oignons, d’olives et de cornichon au centre. Les plats sont enfin prêts. Les filles en posent trois par terre à destination des garçons qui se ruent dessus avidement, avant même qu’elles n’aient posé ceux qu’elles se destinent. Cela fait déjà un moment qu’ils trainent autour du coin cuisine en s’agitant, mais sans jamais mettre la main à la pâte.
Juste en observant, faisant des commentaires sur celles qui prennent une ou deux frites au passage, etc. Ils se jettent d’un coup sur la nourriture, accroupis sur le sol, les mains droites de tous travaillant de concert pour arracher des morceaux de viande ferme aux os. Crachent tendons, os et noyaux d’olives sur le sol. Puis, une fois leurs plats terminés, commencent à aller roder du côté des filles pour glaner quelques bouchées supplémentaires. Une fois repus, ils s’en vont un peu plus loin, en laissant tout en l’état. C’est assez apocalyptique comme spectacle. J’exagère, mais
c’est quand même super déguelasse. Y a de la bouffe partout, des restes qui vont être mis à la poubelle, et donc beaucoup de gâchis. Et puis le sol est constellé de canettes, sac plastiques ayant contenu de l’eau, serviettes en papier, os de mouton, noyaux, etc.
Une fois tout cela terminé et l’espace à peu près nettoyé, les filles filent dans leur chambre pour un moment de sieste digestive. Certaines restent. Et c’est le moment de danser un peu. C’est rigolo, mais pas très long ni très suivi. Comme s’ils avaient un peu honte. Deux-trois un peu plus téméraires ou qui savent danser esquissent quelques vrais pas de danse, mais cela reste assez court.
Et puis vient le moment plage collectif. Les filles repassent dans la chambre pour se mettre en tenue, souvent un short avec un haut de maillot de bain. Je suis la seule à savoir nager, les autres restent là où ils ont pied. Beaucoup de filles ne vont même pas mettre les pieds dans l’eau, restant sur le sable à regarder les mecs simuler des combats de lutte ou jouer au ballon.
Retour à l’hotel, où les filles s’agitent encore une fois pour servir des collations : des sortes de nems et la fameuse salade de fruits dans du yahourt vanillé... un peu bizarre. Vers 19h c'est l'heure de remonter dans le bus qui s'est repointé. Le retour se fait plus rapidement. Les gens n'ont qu'à sauter quand on passe devant chez eux.