4 décembre 2009

Tabaski ou On fait sa fête au mouton !

Voici en photo le résumé de ce qui a été pour moi une journée intense. La fête du mouton, au Sénégal Tabaski, ailleurs l'Aïd El Kébir... LA fête la plus importante au Sénégal.


Je suis partie à Mbour, ville de la petite côte du Sénégal, à quelques kilomètres de Saly, pour ceux qui connaissent le Sénégal touristique. Le beau-père de Pierre, mon colocataire et collègue, vit là-bas avec sa famille, quand il n'est pas en France. C'est donc chez lui que nous nous rendons, de pied ferme, le vendredi matin aux aurores (dans le taxi à 5h30 pour éviter les incontournables bouchons à la sortie de Dakar, bouchons encore plus terribles les veilles de fêtes !). Je dis de pied ferme... mais après une nuit de 3h (nous sommes un peu allés festoyer la veille), c'est plutôt la tête dans le c... que nous grippons dans le taxi. Arrivés à Mbour en un temps presque record, nous avons tout loisir d'accompagner Matar, le beau-père de Pierre, et un ami à lui, au marché aux bestiaux pour choisir leurs moutons. Ah... les deux toubabs au marché, ça n'a pas plut à certains qui nous dévisageaient comme si nous n'avions rien, mais alors absolument rien à faire ici, avec un regard empreins d'une amabilité toute relative. Faisant fis de ces personnes, nous arpentons le marché le front aussi haut que notre mal de crâne pouvait le permettre. Puis, profitant du fait que notre statut de toubab embarrassait fortement Matar et son voisin dans la négociation, nous nous installons un peu en retrait ; histoire également de poser un peu nos corps fatigués.
Matar est revenu quelques minutes... que dis-je... demi-heures plus tard, nous confier la garde de ce qui allait devenir notre festin du lendemain : Georges. Pierre a attribué ce nom plutôt étonnant à cette brave bête pour la simple raison qu'elle lui rappelait son oncle Georges, "poilu comme une mygale".
Encore quelques demi-heures d'attentes et nous voilà repartis en taxi, les moutons ficelés dans le coffre, sur les 19 kilomètres qui séparent le marché de Mbour.

Arrivés chez Matar, la nouvelle étape est celle du lessivage de l'animal. Au jet d'eau, on fait mousser le savon. Le seul hic dans l'affaire, est que le mouton est un animal, certes docile, mais d'une saleté rare. Une fois propre et rapidement séché au soleil, il n'a rien trouvé de mieux à faire de que pisser et chier sur le sable, pour, ensuite, s'allonger élégamment dedans. Comme dit un ami : "c'est probablement son marketing personnel".





Un petit tour en ville après la sieste avec Matar et ses trois jeunes fils (Dégé, Tala et Pape Omar) : coupe de cheveu et achat de sandales pour les jeunes, ballade au marché au poisson (un des plus grand du Sénégal), puis au marché tout court, mais la foule y était tellement dense que cela nous a épuisé en quelques minutes. On s'arrête à l'échoppe de la femme de Matar, Adama, où je rencontre mère et fille cadette, Nar, qui vendent des produits de beauté. Ces produits de beauté sont essentiellement des crèmes et lotions éclaircissantes... c'est fou cette manie qu'ont certaines femmes de se blanchir la peau à tout va !
Puis retour à la maison, où nous dinons tranquillement tous autour du plat d'une omelette, de quelques frites, d'oignons et de salade verte, accompagnés de pain. Oui, je sais pain ET frites ça fait double emploi, mais c'est bon !
Petite soirée (pour moi) dans le bar d'un pote de Pierre et bonne nuit de sommeil.



 Le Jour J

Au réveil, café, pain et beurre. Mais en quantité raisonnable, je sais que je vais passer une grande partie de la journée à manger.

9h00 Pierre creuse un trou dans la cours pour le sang. Après étude faite, il s'agit du plus gros trou du quartier.

Georges est à la diète depuis la veille au soir.


Les hommes sont partis à la prière de 9h, tous bien habillés dans leurs boubous de fête.

Puis retour à la maison, où ils se changent, puis les hommes, les vrais, rejoignent les voisins du quartier avec lesquels ils font la tournée des maisons pour égorger des moutons à la chaîne. J'attends patiemment dans la cours de Matar avec les filles....Je n'ai encore jamais vu un mouton égorgé et je me dis qu'un ça devrait suffire pour commencer...


10h30 Voilà les hommes qui déboulent en paquet d'un pas décidé. Ils chopent Georges, le couchent, et le maintiennent au sol, le cou au niveau du trou.
Une ou deux incantations de Matar, et d'un geste sec et précis, voilà le cou de Georges tranché net. Les hommes maintiennent fermement la bête au sol pour parer à tout réflexe de l'animal (coup de patte, soubresauts, etc.)



En quelques secondes l'opération est terminée, et les hommes filent vers une autre maison et retournent à leurs moutons. Il faut savoir qu'on estime à 600 000 le nombre de mouton égorgés au Sénégal cette année pour la Tabaski. Pour une population totale estimée à 11 millions d'habitants, dont 9,9 millions de musulmans, c'est plutôt pas mal ! Surtout qu'un mouton coûte la bagatelle de 50 000 F CFA minimum pour un tout petit mouton et les prix peuvent aller jusqu'à 150 000 - 200 000 F CFA pour un gros bélier. Un mouton de taille raisonnable, bien négocié à 80 000 F CFA, cela représente tout de même 120 euros ! Et dans les économies des ménages moyens sénégalais, ce n'est pas une petite somme du tout. Certaines familles se ruinent presque pour pouvoir payer le mouton chaque année, au point de n'avoir parfois presque plus rien pour manger dans les semaines qui suivent. Et puis la Tabaski, c'est biensur le mouton, mais également les boubous, les chaussures, le coiffeur, etc. Toute une série de dépenses annexes qui pèsent lourd sur un budget familial.
Pierre reste seul à maintenir l'animal mort qui continu pourtant d'avoir quelques mouvements réflexes.


Les garçons arrivent bien vite pour toucher la bête. Les couilles du bélier ont l'air de vraiment les passionner. Mets de choix, ils prendront un très grand soin à les dépecer, les nettoyer, et les cuire.

Matar revient après la tournée d'égorgement. C'est le moment de "souffler dans le mouton". Eh oui ! Pour décoller plus facilement la peau, à ce que j'ai compris, il pratique une incision sous la peau au niveau d'une patte arrière et souffle dans le mouton pour le gonfler. Après lui avoir garroter la carotide bien entendu, sinon ça fuirait par là. C'est étrange, rigolo et un peu dégue (quand même !) de les voir souffler ce mouton comme s'il s'agissait d'un ballon de baudruche. Gonfler un mouton n'est pas une mince affaire et Pierre et Matar se relaient pour parvenir à un gonflage acceptable de la bête.
Une fois gonflée, on la trimballe sur des sacs de riz découpé. Matar lui incise la peau pour dépecer un peu les pattes et l'arrière-train, afin de pouvoir dégage quelques os qui serviront pour le pendre au manguier.

Toute la famille s'y met pour attraper le gros George et l'attacher la tête en bas.

Une fois pendu, on dépèce Georges, et on commence à le découper. La boucherie est en place. On vide les intérieurs que l'on va trier par la suite ; l'important étant de ne surtout pas crever la panse qui est pleine d'herbes à moitié digérées... Je vous passe les autres détails.




Pendant que les uns dépècent et découpent la bête, les autres allument le barbecue ! On est quand même là pour manger des grillades de mouton.

11h30-12h On commence à manger... et cela sans trop s'arrêter jusqu'à 15h... grillades, grillades et encore grillades, tout type de morceaux confondus. Avant de voir le spectacle de cette tuerie, je pensais que je n'aurais plus d'appétit, voire que je serais carrément mal à l'aise ou malade... mais bizarrement ou non, ce n'est pas le cas et, comme tout le monde, je suis bien contente quand les premières côtelettes sont cuites. J'aide un peu les filles à faire la sauce à base d'oignons, de bouillons cube, d'épices et de moutarde. J'épluche des patates pour les frites, tout en mangeant les bouts de viande que l'on me tend.
Adama, la mère de famille et première femme de Matar, débite la viande et prépare de petits tas de viandes, abats, morceaux de gras, etc. qui seront distribués aux voisins, notamment la famille d'en face, catholique. Ici, quand les musulmans font la fête, ils invitent les catholiques ; et l'inverse est également vrai.
D'ailleurs, Jean-François, le petit dernier des voisins est parmi nous dès 11h ; puis toute la famille nous rejoint vers 16h pour le déjeuner (...oui, avant ce n'était que l'apéro....) où nous nous asseyons tous ensemble autour d'un grand plat de grillades, frites, oignons.
La couille au Barbecue, vous connaissez ??
Vers 16h30 c'est la sieste. Nous sommes tous repus et sentons très fortement le mouton grillé. Mais peu importe, la fête a été belle et le mouton était particulièrement bon.


11 novembre 2009

La Maison Vide

Voici quelques images de la maison vide vide vide... Mais grande grande grande !

Tout d'abord la vue du perron côté collège... A gauche la maison de Matthieu, droit devant un des grands spots des terrains.


La vue un peu zoomée, mais on voit vraiment ça au dessus de notre mur. Et par temps clair, sur la gauche on aperçoit la mer et le port.
La maison, toute repeinte et la grande cours arrière. La rue est de l'autre côté.

Le salon vide vide, agrémenté depuis par une demi-douzaine de chaise-fauteuil rouge de récupération et une grande natte... Petit à petit...


Et enfin, pour ceux qui viendront, la chambre d'ami... Fortement meublée également !

15 octobre 2009

Korité 2009

 La fête de la Korité, ou l'Aid el Fitr, marque la fin du ramadan.


Le calendrier musulman est lunaire, et c'est l'observation à l'oeil nu et non les calculs astronomiques qui détermine la fin d'un mois ou le jour d'une fête. Les marabouts et chefs religieux sénégalais se sont tous mis à observer le ciel à partir du vendredi 18 septembre. La korité était attendue dans le WE, mais c'est chaque soir que les discussions allaient bon train pour savoir si oui ou non ils venaient de vivre le dernier jour du ramadan de l'année ou non... Débats sans fin, discussions et enguelades dans les médias entre les représentants de diverses confréries. (Le système des confréries est une spécificité de l'islam sénégalais, je reviendrai dessus quand j'aurai un peu mieux compris.)
Ils n'arrivent pas à se mettre d'accord sur le jour, et c'est le samedi soir à 23h que nous apprenons que le dimanche est désigné jour de la korité. Mais attention, cela ne concerne que les musulmans Tidjanes et les autres confréries, à l'exception des Mourides qui fêteront la fin du jeun le lundi. Il y aura donc deux korité cette année.

Pour les familles, cela complique les choses, deux korité, pour peu que plusieurs confréries soient représentées dans la famille. Deux fêtes, c'est deux fois plus d'argent dépensé pour les tenues, les poulets, etc.
Le guardien de la case, Mady, et sa famille, pourtant mourides, décident de fêter la korité le dimanche. Quelques personnes de leur famille et amis viennent passer la journée dans la cour et manger le poulet. Le lendemain c'est dans la famille de Mala, un ami d'ami que nous nous rendons en troupeau. Lui est mouride et fete la korite le dimanche, mais la moitié de sa famille étant tidjanes, ils ont fait la korite également la veille.
C'est donc le lundi que nous partons à Mbao dans la banlieue de Dakar.

La tenue vestimentaire est très importante. Pas question d'y aller habillé comme tous les jours. Boubou obligatoire, et boubou de compétition s'il vous plait. Je n'en avais pas, mais la robe de Janine a fait son effet. Cependant, il faut que j'aille me faire faire un boubou de toute urgence pour la Tabaski (l'Aid el Kebir) qui approche. C'est très mal vu de porter deux fois la même tenue pour une fête! La coquetterie est ici très importante. Les jours qui précèdent les fêtes, les femmes se font faire des boubous, des coiffures incroyables ; elles achetent des chaussures neuves, des bijoux, etc.
Nous nous retrouvons donc, toute une brochette d'amis de Mala et Stéphanie (sa femme) dans la maison de la famille, où nous passons la journée à ne pas faire grand chose. Discussion, repas, thé et discussion. Une bonne journée !



27 septembre 2009

Case de passage

A la veille de l'emménagement, voici quelques photos de la case de passage et de ses occupants. Nous avons passé presque trois semaines en colocation à 6 résidents permanents, acccueillants quand il le fallait les personnes de passage à Dakar.
1ère photo : Pierre, mon collegue-colocataire entraîneur
2e photo et dans le sens des aiguilles d'une montre : Elisabeth (volontaire), Sophie (la femme de François), François et moi
3e photo : Léna, volontaire, et Mala
4e photo : François, Volontaire.

14 août 2009

Quelques petites photos du boulot

Voici le terrain de foot du College Sacré-Coeur sur lequel s'entrainent nos deux équipes (junior et senior) pour le moment. C'est aussi le terrain d'entrainement des navétanes, les équipes de quartier qui se livrent chaque grande vacances une compétition ardue. Les règles du foot ne sont pas toujours respectées, l'engouement populaire est énorme, les joueurs doivent habiter dans le quartier pour lequel ils jouent, donc les transferts se font parfois en payant le déménagement et l'appartement d'un joueur, etc. Pendant trois mois, c'est donc la folie autour de ces équipes. Certaines galèrent pour joindre les deux bouts, d'autres ont beaucoup de financement, mais toutes ou presque ont le soutien des habitants de leur quartier. Un match est l'occasion de sortir tout le quartier jusqu'au stade. Dans certains quartiers, ces matchs sont l'occasion de grandes fêtes, avec musique, danses, etc. Dans le futur, ils pourront jouer sur le terrain en gazon, dit terrain d'honneur Abédi Pelé AYEW. Le gazon pousse, c'est pas évident par ces climats, et pas vraiment écolo, mais bon... Et puis ils ont fait quelques bourdes question engrais et ont failli cramer toute les jeunes pousses. En ce moment ils font des raccords avec du sable mélangé à des graines qu'ils étalent au rateau sur le terrain. Cela permet aussi de niveller le terrain en étalant ce sable sur des fils tirés entre des petits piquets plantés dans la terre... Tout ca est biensûr fait à la main et à la brouette sous le cagnard ! La future entrée. A l'endroit où il y a l'arbre, il devrait y avoir, un jour peut-etre, une sorte de club house. Derrière, vous ne voyez pas, mais il y a une zone dédiée à l'entrainement des gardien (gazon synthétique, etc.), et un espace avec quelques gradins qui pourra être utilisé pour au choix, des conférences, des pièces de théâtre, du beach-volley, des minis-matchs de foot sur sable, etc... Et puis à terme il devrait y avoir également des bâtiments avec des vestiaires, une ou plusieurs salles de cours, une salle de sport, etc... Tout cela est biensur en projet, et vu que le chantier a commencé il y a deux ou trois ans déjà, je ne suis pas sûre de voir le résultat avant de partir ! Le terrassement entre les deux terrains a posé beaucoup de problèmes à la construction, notamment au moment des pluies, qui se sont infiltrées partout et ont menacé de faire tout écrouler. Ils vont poser des gradins face au terrain gazonné, ce serait mieux si le terrain synthétique (celui du dessus) ne leur tombait pas sur le dos en plein match. Le terrain orginal était en pente, ils ont donc cassé un paquet de vieilles roches volcaniques à la dynamite pour niveller tout ça et pouvoir construire correctement. Maintenant ces rochers sont cassés à la main et à la masse par des ouvriers qui s'activent presque tous les jours, pour les réduire en plus petites pierres, qui sont étalées sur le terrain synthétique avant de coller le gazon. Le futur terrain synthétique, sur lequel, toujours à la brouette, les ouvriers posent le balaste concassé à la main ... A droite, la grosse maison orange c'est celle de Matthieu, le grand patron. Derrière la petite jaune, ce sont les bureaux, et la blanche mitoyenne cachée par les arbres, c'est ma future maison. Bon, c'est vrai la photo n'est pas terrible et on ne voit pas bien ; je ferai mieux la prochaine fois. Le terrain de basket du collège Sacré-Coeur. Et la vue sur le centre-ville de Dakar... bon c'est loin et tout petit c'est vrai.